« La solidarité a stoppé mon patron abusif »

Voici l’histoire de notre dernier combat : « Comment j’ai affronté mon patron abusif grâce à la solidarité » par Melchior.

En octobre 2020, je travaillais dans le bureau d’une PME dans l’immobilier au salaire minimum en CDI, et je chope le Covid. C’était ma première maladie depuis 1 an et demi, et je le dis à mon patron. Immédiatement, il me fout la pression, me dit que je dois travailler quand même, ce que je fais la matinée. En plus de cela, je reçois plusieurs mails de sa part pour me demander de prouver que j’ai le covid, etc. pour des raisons de « sécurité sanitaire ».

6 jours plus tard je reviens, et mon patron me prend immédiatement dans son bureau pour me foutre un gros coup de pression, dire que mon médecin est un « charlatan », que j’ai du boulot en retard, etc. Je suis encore convalescent et lessivé, et je voulais revenir plus vite pour pas faire trop attendre les clients qui comptent sur moi, mais en fait, peu importe si je me démène pour lui et sa boîte, si je compte pas mes heures, tout ça, y a juste pas de reconnaissance, et y a aucune loyauté de sa part. Ça me tue.

A la fin du mois, je vois que sur ma fiche de paie il m’a déclaré pendant ma maladie en « chômage temporaire force majeure covid », c’est-à-dire qu’il m’a déclaré en quarantaine avec télétravail impossible (je rappelle que 95% de mon travail c’est des mails et du téléphone, mais effectivement, il nous a toujours activement découragé de télétravailler malgré l’obligation car « dans notre métier, le télétravail est impossible ». (Les concurrents télétravaillent)). Je lui demande et il me renvoie vers ma mutuelle. La mutuelle me répond que non, comme j’étais malade et pas en simple quarantaine, mon salaire est garanti par l’employeur, et me suggère de contacter mon syndicat.

Je finis par parler, terrorisé, de ma situation à mon médecin qui me met sous certificat. J’ai tellement peur de mon patron que j’ai des crampes au ventre à l’idée de lui envoyer le certificat mais je le fais, et je ne décroche pas à ses appels masqués. Je contacte aussi mon syndicat qui envoi un premier recommandé à mon patron pour régulariser les 6 jours. Mon patron invente des raisons (c’est la mutuelle, c’est le secrétariat social, j’aurais menti à mon médecin ?), etc, et si je vois bien que le droit est de mon côté, mon syndicat prend systématiquement 1 mois à envoyer leur réponse, et en attendant, je reste toujours impayé. Mon patron, lui, fait l’innocent, et l’injustice dure… C’est difficile à vivre.

Décembre 2020, je rencontre Brusol. Je leur parle de ma situation, et même si je ne parle jamais de tout ce qui se passe à mon boulot, là je me lâche. Ça libère. Iels acceptent de m’aider et je rejoins les réunions. Après quelques semaines, je prends finalement le courage de rédiger une lettre à mon patron cosignée par Brusol, dans lequel on lui demande simplement de rectifier mes fiches de paie et ma paie, sous 14 jours, sous peine de prendre « d’autres mesures ».

Le jour-J approche, et franchement ça m’effraie, mais en même temps, je sais au fond que la peur doit changer de camp, et que dans l’histoire, c’est lui qui devrait avoir peur, parce que c’est lui qui viole la loi, toujours impuni. Le jour de la remise, il est midi devant l’immeuble de mon travail, on est 8 à se rejoindre 5 minutes avant. On monte ensemble à l’étage et je sonne, la lettre à la main. Il ouvre, décontenancé, mais se reprend rapidement. Je lui donne la lettre, il me demande mes clés, je lui réponds qu’il devra me licencier pour cela. Il s’absente pour nous « signer un accusé de réception ». Petit moment de flottement, honnêtement, je suis habitué à obéir à ses ordres. On décide de partir quand même, parce que ça sert à rien de rester.

Le lendemain, à ma grande surprise, je reçois sur mon compte un virement de mon patron correspondant à mes 6 jours de maladie !! Victoire !!

Une semaine plus tard, comme attendu et sans surprise, je reçois une lettre de licenciement. Pour moi, c’est un soulagement : mon contrat de travail toxique est rompu, j’ai mes indemnités, et mon médecin me couvre donc pas obligé de pointer à Actiris.

Je tiens vraiment à remercier les personnes de BruSol pour leur aide, leur soutien et leur bienveillance. Sans elleux, je me serais laisser écraser par mon ex-patron et il m’aurait sans doute jamais payé en toute impunité. Donc je regrette vraiment pas de m’investir dans le réseau, car l’entraide c’est la clé.

Et maintenant, c’est mon tour d’aider et de soutenir les autres !

Combat Meganck Syndic